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Les héros dans l'Iliade?
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Agamemnon,
qui détient le commandement
suprême, a longtemps abusé de cette fonction, qui flattait son orgueil
et son égoïsme. Si l'on en croit certains, il laissait volontiers
la peine aux autres, tout en se réservant la meilleure part de ce qu'ils
rapportaient.
Lorsqu'il commet la lourde erreur d'en user ainsi au détriment de
l'intraitable Achille, il cause une rupture catastrophique dans l'armée. Le
désastre occasionné par sa faute, opère chez lui un revirement. Il se
montre alors digne de son rôle de chef, soucieux de ses hommes, présent
et actif dans tous les affrontements, où, rappelons-le, il est durement
blessé. Il tente par tous les moyens de réparer le mal dont il se
reconnaît responsable, accepte les reproches de ses compagnons, fait
amende honorable, et cherche à compenser généreusement son offense.
Il y a de l'héroïsme dans
la façon dont se remet en cause cet homme mûr, installé et sûr
de lui. (il est vrai que les événements le poussaient!).
Ménélas,
son frère, est un guerrier
accompli. Courageux, robuste, adroit, il réalise des exploits sur le
champ de bataille.
Ce mari bafoué, s'il déteste
son rival , ne se répand pas en plaintes amères. Loin de paraître
ridicule, il ne prête jamais à la pitié, et il a fort belle
allure.
Très conscient que cette expédition longue et meurtrière a été lancée
pour punir la faute dont il est victime, et désolé des maux qu'il
occasionne aux siens, il ne songe qu'à les alléger. Il ferait
l'impossible pour que cesse cette guerre et il se porte candidat
chaque fois qu'il faut un brave pour représenter son camp.
On peut bien appeler héroïques
sa dignité et ce sens de sa responsabilité qui le lancent
dans la mêlée sans hésiter, car, si les dieux viennent volontiers lui
prêter main forte, le premier mouvement vient toujours de lui.
C'est
aussi par leur vaillance, leur habileté et le souci de leurs camarades
qu'Ulysse, Diomède, Ajax, fils d'Oilée, Idoménée, Nestor, malgré
son grand âge, et son fils Antiloque méritent
le nom de héros.
A ces qualités s'ajoutent,
chez Ulysse, le favori d'Athéna, les aptitudes à la ruse et à la
diplomatie (rappelons qu'Homère, ici, ne fait aucune allusion au stratagème
du cheval).
Diomède, plein de sagacité dans les missions qu'on lui
confie, montre une fougue infatigable à l'action. Il remplit de ses
prouesses guerrières le chant V, où, stimulé par la déesse aux yeux
pers, il pousse l'audace jusqu'à blesser deux divinités, Aphrodite et Arès.
Ajax,
fils de Télamon,
"celui que sa beauté
ainsi que ses exploits mettent au-dessus de tous les Achéens, après le Péléide
sans reproche" se trouve toujours au plus épais de la
bataile. Il montre tant de vigueur et de pugnacité qu'on voit assez
rarement un dieu se porter à son secours. Sa silhouette "énorme",
"gigantesque" porte l'effroi chez l'ennemi, tandis qu'elle
rassure les Danaens, et que son cri de guerre les stimule.
Rien ne le rebute, rien ne lui
fait peur, il accourt à tous les appels,
S'il pleure de détresse, ce n'est pas sur lui, mais sur le sort des
compagnons qu'il ne peut pas sauver.
Il prend en mains les
situations les plus désespérées. Jamais il ne lâchera pied de son
plein gré: "Devant aucun homme on ne verra céder le grand Ajax,
le fils de Télamon, devant aucun mortel qui mange la mouture de Déméter
et n'est pas invulnérable au bronze ou aux grosses pierres. Il ne
plierait pas devant Achille même".
Il faut le voir, lorsqu'au lieu de rejoindre les rangs, il défend à
lui seul les nefs achéennes: "Il se promène, lui, sur les
gaillards des nefs, à larges enjambées, brandissant dans ses mains une
pique d'abordage, énorme... Ajax va et vient sur les innombrables
gaillards qui dominent les fines nefs. Il va à larges enjambées, sa voix
monte jusqu'à l'éther, sans cesse, avec des cris effroyables, il presse
les Achéens de défendre nefs et baraques".
Et le
grand Hector rend ainsi hommage à son adversaire, après un duel
qui a montré leur égale valeur: "Ajax, puisque le ciel t'a
octroyé la grandeur et la force, sans compter la sagesse, et qu'à la
javeline tu es le premier de tous les Achéens, eh bien, pour l'instant,
pour aujourd'hui, arrêtons là le combat, le carnage. Nous combattrons
plus tard, jusqu'au jour où le ciel nous départagera".
Tandis que
peinent les Achéens, face aux Troyens dont l'ardeur se déchaîne, loin
de la bataille, le grand Achille, remâche son amertume...
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