¤
Philagora.net
¤
Nouveautés
¤
FORUMS
- Aides aux dissert.
- Prépas
- Vos annonces ¤
PHILOSOPHIE
- Philo-Bac
- Cours
- philo-express
- Citations
- Philo-Prépas
- Philo-Fac
-
Prepagreg
- Le
grenier
- Aide aux
dissertations
- Methodo
- Psychanalyse
-
Médecine
¤ EPISTEMOLOGIE
¤
ART
¤
FRANCAIS
poésie,
théâtre, prose
Bac français, parcours initiatiques
¤
MARE
NOSTRUM
¤ LIVRES
des aperçus
¤ Travaux
Personnels Encadrés
Forum TPE
¤
Contes pour
enfants en
musique!
¤ Occitan-Catalan
¤ Revue
Pôle- international
¤ Francophonie
¤
L'Association
philagora
Pourquoi ce site?
¤
Philagora tous droits réservés. ©
-CNIL n°713062-
philagora@philagora.net
¤ INFO-PUB-
-
|
|
|
Rubrique
prépas de philagora http://www.philagora.net/prepaid.htm
Pouvoir et liberté
Une approche de la théorie politique
de
Hannah Arendt
par André Enegrén
_________________________________
|
-
page1 - page2
- page3 - page4
- page5 -
page6
Des ouvrages
apparemment aussi différents que La Condition de l'homme moderne
(CHM) - magistrale étude sur les divers modes de l'activité
humaine et sur l'"aliénation" moderne -, La Crise de la
culture (CC) - qui regroupe divers essais sur des notions
fondamentales de la politique -, l'Essai sur la révolution (ER) - où
est notamment exhumée la tradition oubliée de la révolution
américaine - ou encore Du Mensonge à la violence (M V) (7) - centré
sur des questions d'actualité - sont animés d'un même souci: redonner
à la politique sa "raison d'être" qui "est la
liberté et dont le domaine d'expérience est l'action" (CC, p.190).
Voilà le truisme (= évidence,
banalité) qui, déployé dans toute son ampleur, doit retentir
sur notre compréhension.
Pour Arendt, la substance même de l'humain
est l'action, au sens où l'agir est la faculté de commencer du
nouveau. Si l'homme est mortel, il est aussi un être " natal
", et au fait de notre naissance - grâce à laquelle "
quelque chose d'uniquement neuf arrive au monde" - "nous
répondons en commençant du neuf par notre propre initiative " (CHM,
p. 199). La théorie d'Arendt se propose précisément de restaurer
dans ses droits cette capacité d'inaugurer quelque chose qu'aucun
préalable ne peut récupérer et qui est l'essence même du politique. |
|
Toute
création n'est pas pour autant action: "L'action, la seule
activité qui mette directement en rapport les hommes, sans
l'intermédiaire des objets ni de la matière, correspond à la
condition humaine de la pluralité" (CHM, p. 15). Jamais
cette pluralité ne doit être perdue de vue: que nous partagions le
monde avec d'autres, qui forment avec nous une humanité une, mais
pourtant infiniment diverse, telle est la donnée ontologique
fondamentale qui guide la réflexion. A strictement parler, l'action
politique "qui met directement en rapport les hommes" ne
vise même pas à une unanimité. A la fois première et ultime, cette
pluralité humaine, qui n'est jamais sacrifiée à un absolu, interdit
même de concevoir un Bien commun (sauf à considérer que ce
Bien est la pluralité même).
Mais toute action concertée, toute prise d'initiative en commun ne
suffit pas encore à délimiter la sphère politique. Celle-ci se
définit encore par sa "raison d'être": la liberté.
Arendt s'efforce de remonter le courant de la déchéance sémantique (=
de la signification, du sens) de
ce mot, en premier lieu en rapatriant la liberté dans la sphère
politique d'où la philosophie l'a délogée pour l'installer dans
l'intériorité du sujet.
Avant d'être un attribut de l'esprit, la
liberté est une réalité d'expérience révélée dans le commerce des
hommes : à l'époque d'Hérodote, précise l'Essai sur la
révolution, " elle a été conçue en tant qu'organisation
politique dans laquelle les citoyens vivaient ensemble en dehors de tout
lien de domination, sans division entre gouvernants et gouvernés "
(p. 39, traduction modifiée).
|
|
Peu importe
ici qu'Arendt idéalise l'exemple grec, la polis (=
la cité) servant d'index
(=
ce qui marque et ce qui souligne) d'une exigence et non de modèle historique; elle souligne seulement que
la liberté est un "pouvoir faire" (Montesquieu) très concret
sous-tendu par l'expérience politique, la liberté au sens propre
étant de pouvoir soi-même décider des "affaires humaines"
en participant avec tous, ou tous ceux qui le veulent, au gouvernement
de la "chose publique". Tout ce qu'il y a de profondément
original et même de paradoxal chez Arendt, son excentricité dans le
paysage de la science politique moderne, tient peut-être à la
simplicité et à la rigueur avec lesquelles elle adhère à cette
définition de la liberté comme "raison d'être" du
politique. Cette définition exclut bien sûr toute amorce de
totalitarisme, mais, stricto sensu (=
au sens rigoureux), elle exclut aussi le
libéralisme, idéal boiteux qui a contribué à "bannir la
liberté" (CC, p. 202) en la mesurant seulement à l'aune (=
ancienne mesure de longueur) des libertés privées - nullement formelles ni abstraites pour autant -
qui n'assurent pas au citoyen le droit d'être "co-partageant" au gouvernement. L'une des pensées les plus étranges de
l'auteur, développée aussi bien à propos de la révolution
américaine que dans le contexte de l'élucidation de la volonté chez
Duns Scot, est que l'homme n'est réellement libre que lorsque l'action qu'il
accomplit ne se propose pas d'autre fin (=
ce pourquoi quelque chose existe ou est fait) qu'elle-même. |
Ainsi
liberté et "agir" se définissent mutuellement: l'action
libre est l'initiative à plusieurs qui inaugure quelque chose et le
mène à bien, non en vue d'un résultat extérieur dont cette action
serait seulement le moyen, mais plus essentiellement afin de
réactualiser un espace politique qui ne vit que de cette
spontanéité en commun. Mais de cette rare liberté qui se suffit à
elle-même, la théorie d'Arendt ne propose qu'obliquement la
philosophie: nées du heurt de l'histoire - histoire vécue de
l'effondrement de l'Europe en 1914, des "personnes déplacées" et des mouvements totalitaires
- ,ses intuitions fondamentales se
sont naturellement incarnées dans des analyses politiques très
précises, des textes de circonstance, des prises de position souvent
virulentes, d'innombrables articles ancrés dans l'actualité. Il est
pourtant possible de dégager quelques-uns des concepts proprement
politiques ordonnant cette pensée de l'événement qui appartient
à l'histoire sans lui être soumise. Cette élucidation est si peu une
préoccupation extérieure à la théorie d'Arendt qu'elle-même a pu
définir son travail comme une simple "analyse de concepts"
(8). |
Notes:
7. CHN, Calmann-Lévy, 1961; CC,
Gallimard, 1972; ER, Gallimard, 1967; MV, Calmann-Lévy, 1972.
8. E.Young-Bruehl, Hannah
Arendt, p.318.
Aller à la page suivante:
Le pouvoir comme "autre" de la
violence.
Philo-
prépas - Rubrique
Philosophie - Page
d'accueil de philagora
|
|
|
|