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Rubrique philo-poche, cours sur Philagora http://www.philagora.net/philo-poche/
L'art
et le
et le
et le
beau
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- Le
beau et la représentation.
Quand on dit qu'une oeuvre est représentation, ce peut être au sens de
reflet d'un modèle naturel donné ou résultat d'une activité originale,
d'un style d'une manière de voir. Dans le premier cas la représentation
est une simple image, le redoublement d'une apparence: le sensible est
présenté une seconde fois (vu, puis reproduit). La représentation
devient alors le résultat d'une double déformation, d'un double
aveuglement: l'image comme forme sensible d'une chose et la
représentation, la peinture de cette chose. La représentation serait
alors l'apparence d'une apparence sans que rien ne puisse indiquer en elle
le coefficient de déformation qu'elle porte en soi si le modèle ne peut
jamais être atteint. Kant écarte cette première acception qui fait de l'œuvre
une mauvaise peinture en affirmant que l'art n'est pas la représentation
d'une belle chose. Il écarte le problème de la participation au Beau et
centre la recherche sur l'origine de la représentation: dire que le beau
est la belle représentation d'une chose c'est donner à l'art la
caractéristique essentielle d'être une activité créatrice ayant pour fin une
"belle
représentation".
Si l'art est la belle représentation d'une chose il vise la production du
beau qui ne peut relever que de l'artiste, d'un style, d'un génie: cela
revient à faire varier l'essence même de la représentation: c'est bien
moins un effort de reproduction qu'un effort de production, de création.
L'art devient de ce fait inséparable de l'œuvre belle. La
représentation peut bien désigner alors la figuration consciente de
l'extériorité ou de l'intériorité, mais dans les deux cas sa vérité
est celle de la subjectivité créatrice.
Le beau est donc, selon la remarque de Kandinsky, ce qui est beau
intérieurement.
C'est dire que l'art exprime ce qui s'éprouve soi même hors de toute
distance, immédiatement: la belle représentation ne serait donc plus la
peinture du visible mais, si l'on peut dire, l'expression de l'invisible, de
l'intériorité, de ce qui ne pourra jamais être vu. C'est dire que la
subjectivité de l'artiste constitue le "lieu"
où se manifeste et s'accomplit la vérité de l'art. Le contenu et la forme
de l'oeuvre relève de la subjectivité affranchie du devoir de représenter
une nature matérielle morte qui lui préexisterait et lui dicterait le
contenu et la forme faisant ainsi disparaître le beau.
Le beau n'accompagnerait la représentation que grâce à la "manière",
au style de l'artiste. La représentation est belle quand elle devient
expression: le beau c'est une forme déterminée par un contenu invisible.
C'est reconnaître l'artiste comme capable d'une activité dans laquelle
la liberté s'oriente vers la vérité d'un monde nouveau dans lequel il
représente sa quête de l'infini, dans lequel il mire son intériorité.
Le
beau n'est donc pas le lieu de la règle mais le lieu des idées,
d'une finalité sans fin, irrécupérable par les dogmatismes, comme si l'œuvre
belle n'avait d'autre fin qu'elle même, symbole de l'harmonie que seule la
liberté partagée peut tisser dans l'humanité.
Autant dire que l'artiste est le créateur par qui apparaît un monde des
possibilités qu'il porte en lui, celui de la vie, de ce qui s'éprouve soi-même et donne
forme à la vie en produisant une oeuvre vivante.
Il ne copie pas la nature (à quoi
bon?), il n'abdique rien parce que le soi ne peut se séparer de soi: il donne la vie en
enfantant la beauté, la vie de l'œuvre qui se recueille en elle-même dans sa plénitude
comme si l'artiste donnait à voir l'invisible.
Si l'artiste n'imite pas la nature, il crée un monde où la vie s'éprouve
dans la jubilation partagée du créateur et de l'amateur de. Voilà pourquoi l'artiste élargit notre capacité d'admiration, il nous fait comprendre
la nature en peuplant ce "cadavre de Dieu", en rassemblant les
vivants.
Sans concept,
la
beauté ne se prouve pas: la beauté n'a de but qu'elle-même et, comme la
Vie, comme l'existence, elle est gratuite, c'est un don. Parce qu'elle n'a de but qu'elle même comme la vie elle est immortelle:
"comme un rêve de pierre"?
Citations:
http://www.philagora.net/citations/index.htm
"Le beau est ce qui est représenté, sans concept, comme l'objet d'une satisfaction
universelle" Kant Critique du jugement p.46, Vrin
"Le beau se définit comme la manifestation
sensible de l'idée." Hegel Esthétique, p.160, Flammarion
"L'art a toujours pour fonction de créer un monde où
l'esprit soit chez soi et qui soit à sa mesure" H. Delacroix Psychologie de
l'art p.161
"L'art vise à imprimer en nous des sentiments plus
qu'à les exprimer" H. Bergson, Essai sur les données immédiates de la
conscience p.14
"Le propre de l'art c'est de donner une forme à ce
monde de possibilités que nous portons au fond de notre conscience" Lavelle Traité
des valeurs II, p.329
Pistes de lecture:
Kant: Critique du jugement (on s'aidera de l'excellent commentaire de Louis
Guillermit, lectoguide, Editions Pédagogie Moderne)
Hegel: Esthétique
H. Delacroix: Psychologie de l'art
M. Henry: Voir l'invisible sur Kandinsky -aller
vers l'aperçu-
M. Haar: L'oeuvre d'art -aller vers l'aperçu-
Pour compléter, voir:
Citations: l'art
Philo-notions/bac la page sur L'ART
philorecherche/fac Paul Ricoeur (arts, langage...)
de Michel Henry (Kandinsky).
Philo-express, le parcours sur l'art
et le beau.
L'art et le
beau- page 1 - page 2
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