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Rubrique philo-poche, cours sur Philagora http://www.philagora.net/philo-poche/
La
perception
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III.
Reconnaître
la perception.
Reconnaître la perception
c'est tenter de la saisir comme perception originaire, en deçà du
"bricolage" qui l'a transfigurée en représentation déterminée:
une reconnaissance qui laisse être au lieu de déterminer par concept.
= Si toute perception est
perception d'une chose, cela ne signifie pas que la chose soit donnée
entièrement: loin d'être une possession la perception est dans le même
mouvement la présentation de ce qui se dérobe de manière
indéfinie.
La théorie des esquisses de Husserl permet de le comprendre.
Je vois une table.
L'esquisse me présente une table sous un certain aspect, un point de vue:
autant dire qu'elle révèle la présence de la table elle-même mais que,
comme elle n'en révèle qu'un aspect, cet aspect voile du même coup les
autres aspects de la table: parce que la chose est dans le trou de lumière,
à distance, elle ne saurait jamais être pleinement rejointe puisqu'elle
est transcendante par rapport à des vécus et qu'elle ne peut se donner que
partiellement en se dérobant, en différant sans cesse cette
représentation déterminée, cette prise totale de la table qui permettrait
de se l'approprier pour ainsi dire. Me voilà donc très proche et très
loin de la table, comme dans un mouvement qui se rapprocherait en
s'éloignant, celui que suggère magnifiquement Mallarmé dans "La
fenêtre" (lien ouverture
nouvelle fenêtre): le poète a toujours raison.
= Il devient impossible de
parler d'une perception introuvable, car on ne peut plus réduire la
perception à autre chose qu'elle: la sensation ou la construction. Toute
perception , étant perception d'une chose , est intentionnalité, acte de
transcendance qui ouvre un horizon, qui vise à travers des sensations
diverses la chose elle même, la chose ne se laissant jamais prendre dans sa
totalité: la distance creusée par l'intentionnalité ne saurait être
franchie par une autre intentionnalité: l'esquisse appartient bien à l'être de l'intentionnalité,
ce qui revient à identifier la perception avec l'acte d'une conscience.
= Reconnaître la
perception ce n'est pas nier la collaboration de l'imagination, de la
mémoire et de l'entendement, c'est mettre à jour,en deçà de ces élaborations,que celui qui perçoit juge que l'objet est distinct de lui et
connu par
lui, et ce, immédiatement.
On ne peut parler de
connaissance qu'au sens de naissance avec: percevoir
c'est naître avec et cela relève d'abord de la
contemporanéité d'une naissance commune que d'une possession
triomphante.
Avec une hypothétique
perception pure, on obtient un monde commun mais est-ce un monde humain?
Dans l'inconscience des surgissements l'objet et le sujet se perdent avec le
risque de voir ressurgir le panthéisme. La philosophie risque de laisser la
place à la littérature ou à la musique.
Dépouillée de ses parures, réduite à elle
même, la perception originaire est pauvreté qui rêve de richesse,
contingence qui se voudrait nécessité, donation dans la soif,
présence indubitable qui se dérobe: tout cela livré à une
existence qui rêve de s'accrocher à un ici et un maintenant toujours
en fuite.
Par essence, c'est l'être qui ne peut se donner
que partiellement dans l'unité première d'une présence qui se
déploie nécessairement sur un fond d'absence. Jamais la perception
ne pourra donner la chose dans sa totalité puisque l'esquisse, parce
qu'elle est esquisse, creuse toujours une absence et donc une soif. |
= Voir Merleau Ponty, Le
visible et l'invisible (Page
1 - page
2 - page
3 - page
4 - page
5 )
= Voir Quand
nous percevons, comment savons-nous que nous ne rêvons pas? (une aide
à la dissertation.
Cours de Joseph Llapasset ,
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