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== L'homme est pèlerin du temps, il chemine dans le temps. Cimourdain était arrivé à 93 comme on arrive en un lieu, le lieu d'une action.
Hugo va cerner 93 selon deux points de vue qui entraînent deux jugements: du point de vue de la totalité, c'est une "épopée". Du point de vue d'un Sujet, celui de la durée,  c'est une année intense.

== Successivement deux jugements sur 93 sont proposés:

• Selon l'an, sa totalité, c'est une épopée, une minute immense.
  Une guerre et une guerre civile: L'Europe des têtes couronnées contre la Convention de Paris et la France de régions contre Paris. C'était vaincre ou disparaître: la Révolution c'est donc la victoire des armées de conscrits sur l'Europe et des envoyés du Comité de salut public sur la France des régions.

Immensité d'une minute. A distance, à bonne distance pour un jugement ajusté, l'an est réduit à une minute dans un siècle, mais quelle minute! Est immense ce qui est sans borne, comme un souffle de Dieu qui s'étend sur tout le siècle et au delà, un peu comme le destin ou même la fatalité. Voilà pourquoi l'auteur insiste sur le tragique de 93: est tragique, ce à quoi l'homme ne peut échapper, ce qui l'environne et l'entraîne, le pousse de tout côté: la guerre à l'extérieur et la guerre à l'intérieur, la hideuse guerre civile.
C'est dire que 93 est un drame: du point de vue de l'action, de ce que les hommes accomplissent, "drame" souligne l'horreur des actions guerrières et la terreur des politiques qui manient le triangle de la guillotine.

• Selon la durée, c'est à dire son déroulement, "93 est une année intense". Intense signifie qui agit avec force, qui dépasse la mesure, qui a beaucoup d'effet, qui se prolonge.
  L'orage désigne l'éclatement des troubles, le choc des combattants et l'exercice de la terreur révolutionnaire. Noter la colère de l'orage et sa grandeur comme s'il était animé par autre chose que par une foule anonyme.
  Milieu = situation. Ce qui entoure et ce en quoi Cimourdain se trouve. Le milieu est successivement qualifié de trois épithètes: 
  - éperdu = agité, troublé; - sauvage = violent, déchaîné, toute culture et éducation semblant avoir disparu; - mais aussi splendide, qui reflète la lumière, superbe et pleine d'éclat.
  Envergure file la métaphore de l'oiseau amorcée par splendide : c'est l'ampleur, la grandeur, l'ouverture de l'aigle dans la tempête, au pays qui lui ressemble.

Apprécier le calme intérieur et le goût du risque, cette harmonie des contraires de la tranquillité et des grands vents.

• L'intérêt de ce texte c'est de réunir l' Épopée et le Sujet pour signifier l'inextricable mélange de l'homme et de sa destinée, sans qu'on puisse attribuer à l'un ou à l'autre le progrès, comme si la nature et Dieu  étaient plus que des témoins.

Joseph Llapasset - Site Philagora, tous droits réservés ©  

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