-C' est d'abord un choix politique.
Nul ne saurait dire ce qu'étaient ses sentiments religieux. Il honorait,
comme Constance Chlore et comme, à cette époque, beaucoup d'officiers et de
soldats, une divinité solaire personnifiée par Apollon. Ses deux rêves-apparitions,
le premier en 307, dans les Vosges, lorsqu'il commence à gouverner à Trèves (après
la mort de l'Auguste, son père, Constance Chlore), le second en Italie, en
312, peu avant sa célèbre victoire sur Maxence, au Pont Milvius,
montrent une vision radieuse. Solaire, ou mystique?
Les chrétiens ont résolument considéré que, dans le
second songe, c'était le Christ qui montrait la croix à son futur protégé en
lui annonçant: "in hoc signo vinces!" (par ce signe, tu vaincras)...
mais, à cette période précisément, auraient eu lieu des phénomènes
astronomiques très particuliers, mettant trois planètes en conjonction, et
dont les vives lumières auraient été vues par différents témoins...
De toute façon, Constantin a gagné la conviction qu'une
divinité le soutient. Après sa victoire de 312, il appelle ce dieu "Christ"
et fait placer sur ses aigles l'emblème de la croix. Ce sont alors une
suite de succès qui lui assurent le pouvoir.
En 313, par "l'Edit de Milan", il marque sa
gratitude à celui qui remplit ses promesses. Il signe, avec son homologue,
Licinius, une déclaration de tolérance, qui accorde
droit de cité à
toutes les religions: c'est la reconnaissance, après des années de
précarité, d'une Eglise chrétienne officielle. Une prodigieuse
ascension commence.
Constantin se fait le sauveur d'une église persécutée et
misérable, il devient son protecteur et son bienfaiteur, parce qu'il mise
sur elle. Mais il n'est pas question pour lui de se soumettre à ses
lois. Il conservera toute sa vie ses coudées franches vis à vis de
l'autorité chrétiennes en différant indéfiniment son baptême, il ne
recevra ce sacrement qu'à la dernière extrémité, quelques heures seulement
avant de mourir.
Il reste le Pontifex
Maximus, c'est à dire le chef religieux
de tous, païens et chrétiens, encore que ses faveurs et ses décisions
(fermeture d'un sanctuaire, ou interdiction d'une fête jugée licencieuse)
amènent à un abandon progressif du culte ancien.
Curieuse situation que celle d'une communauté qui passe
brusquement de la semi-clandestinité à la plus éclatante faveur! Le pape,
humble pasteur d'un troupeau misérable, se voit installé dans un palais
splendide, des lieux de rassemblements somptueux s'élèvent, vastes comme les
basiliques civiles qui leur servent de modèles. Les hauts fonctionnaires, les
hommes qui vont détenir pouvoir et responsabilités sont désormais choisis de
préférence parmi les Chrétiens. Pour arriver, il est de bonne politique de
se faire baptiser!
En favorisant ainsi la religion nouvelle, le souverain
s'affirme comme son maître et il entend bien la diriger selon ses vues. Pour
assurer la cohésion du monde romain, l'Eglise se doit d'être forte et sans
divisions, Constantin veillera soigneusement à son unité, et
s'efforcera de juguler toute velléité de dissidence.
Il convoque un concile à Arles pour imposer silence aux
Donatiens, ceux-ci refusant la réintégration dans la communauté des
frères qui avaient faibli pendant les persécutions.
Il reproche vivement à Arius d'avoir rendu publiques
ses "élucubrations" sur la nature du Christ: pour cet esprit très
pratique, les divergences théologiques ne sont que vétilles sans
importance!
Il organise le concile œcuménique de Nicée, en 325,
dans la ferme intention de couper court définitivement à ces querelles
sur la nature du Christ, cette hérésie arienne, qui, décidément
trouble la paix de son empire. C'est lui qui prononce le discours inaugural, où
il précise aux trois cent dix huit évêques réunis le but de leur rencontre.
Il veille activement aux débats, et presse la rédaction d'un Credo commun que
tous devront signer.
Il œuvre là, sans doute, pour le plus grand bien de
l'Eglise,
mais sa préoccupation est d'abord celle d'un chef
d'Etat.
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III. Constantin, un personnage hors du commun.
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