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Marivaux.
Le Jeu de l'Amour et du Hasard.
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1- Le comportement habituel entre Lisette
et ses maîtres:
Sur un pied d'égalité.
La pièce débute par une conversation
très franche.
Lisette est si sûre des sentiments de sa
maîtresse que, sans la consulter, elle a spontanément approuvé le projet de
son père de la mettre en présence d'un prétendant choisi par lui.
Mais, s'il est vrai que ces jeunes filles
rêvent l'une comme l'autre de rencontrer le mari qui la rendra heureuse, elles
n'ont pas la même façon d'envisager la chose et elles vont se disputer:
-
Sylvia inquiète du garçon que son
père va lui présenter, fait mine de mépriser le mariage et s'invente des
raisons (elle fait un peu penser aux deux Précieuses de Molière...
retenons cette piste, nous la reprendrons plus tard).
-
Moins compliquée que sa maîtresse,
Lisette considère que si l'occasion d'un bon établissement vient à
s'offrir, il ne faut pas en faire fi. Loin de se laisser démonter par les
remontrances de Silvia: "Allez répandre
vos impertinences ailleurs et sachez que ce n'est pas à vous à juger de
mon coeur par le vôtre", elle lui répond du tac au
tac: "De
quoi le vôtre s'avise-t-il, de n'être fait comme celui de personne?"
Elle va ensuite lui énumérer toutes les
qualités qu'on annonce chez son futur et tenter de lui faire comprendre sa
chance: "que voulez-vous de plus? Peut-on se
figurer de mariage plus doux, d'union plus délicieuse?" Elle
remarque aussi que ce garçon séduisant a le mérite de vouloir "se
marier dans les formes" au lieu de chercher à s'amuser "sans
cérémonie", comme il pourrait le faire.
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Mais Silvia, dans sa crainte de
connaître les malheurs conjugaux dont sont victimes plusieurs de ses relations,
tourne en défaut chacun des avantages énoncés. Sa suivante ne fait qu'en
rire, "Voilà une
pensée bien hétéroclite!" et traite sa maîtresse de "fantasque".
Nous le voyons, dans le feu de la
discussion, les précautions oratoires du début de la scène: "Si
j'étais votre égale..." sont oubliées, et nous assistons
à un échange de points de vue très libre. |
Lorsque paraît le père de famille,
c'est encore Lisette qui exprime sur un ton badin les répugnances de sa
maîtresse, à la fois, semble-t-il, pour se moquer gentiment d'elle et
pour l'aider à avouer ses inquiétudes. Elle s'amuse aussi à imaginer
plaisamment l'entrevue des deux jeunes gens et ses différentes suites
possibles.
Devant la réponse pleine d'indulgence de
monsieur Orgon aux inquiétudes de sa fille et à ses demandes, Lisette
s'exclame: "Il n'y a que le meilleur de tous
les hommes qui puisse dire cela". Ce cri du coeur traduit
son affection à l'égard de son
maître.
La proposition de Silvia, qui lui fait
confiance au point de lui laisser jouer à sa place le rôle de fille de la
maison, ne l'embarrasse pas le moins du monde, elle s'y exerce aussitôt
devant le père et la fille, et
tous les trois s'en divertissent beaucoup.
Cette attitude décontractée de la
jeune servante suppose qu'elle se sent écoutée et respectée dans
la maison, mais aussi qu'elle a une
personnalité affirmée.
Avec l'arrivée du prétendant et de son
valet va s'ouvrir un temps de
"crise",
sorte de moment de vérité, où nous allons apprendre à mieux connaître
les uns et les autres.
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2: En un moment critique: Une égalité entre égaux.
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