Tableau
de définition
La conscience
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acte qui s'apparaît à
lui-même (moi comme présence à soi) en faisant apparaître une chose: intentionnalité
qui s'auto-affecte.
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fait
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suggère l'acte
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connaître
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(voir le jugement dans philo-dans-la-poche) détermination d'une
intuition sensible par un concept; sans intuition un concept est vide; sans concept une
intuition est aveugle. On connaît des phénomènes ou objets construits.
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je suis
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ex-istence, comme mouvement
vers, désir qui ouvre le temps (voir la fin du cours sur l'existence
dans philo-dans-la-poche)
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libre
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adjectif, attribut de
"je": caractérise celui dont les actes émanent du moi, comme "je
pense" et "je veux": le contraire de libre est "aliéné", qui
dépend de la volonté d'un autre (alius = autre)
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*Pour la problématisation...
S'étonner devant le "passage" de
la conscience à la connaissance, car la conscience de soi n'est pas une connaissance de
soi.
L'évidence sensible (par exemple le
sentiment de liberté) n'est-elle pas l'ombre dont il faut se détourner,
l'opinion, la croyance qui confond l'existence et l'essence? (je le connais, je l'ai vu!).
Voir la page: Platon, le soleil la ligne la caverne.
Peut-on assimiler la conscience de soi et
la connaissance de soi sans réduire "le soi" à sa plus simple expression, ce
qui s'apparaît à soi?
Si la liberté est le rapport entre un acte
et un moi, se signifie-t-elle pas davantage que le sentiment de liberté?
Alors comment faire circuler l'évidence d'un sentiment de liberté à ce qui n'est pas
lui, ce qui est plus que lui?
"Je fais ce que je veux, je suis
certain d'être libre": cette donnée immédiate de la conscience n'accompagne-t-elle
pas les "aliénés", ceux qui subissent et ne sont plus maîtres de leurs actes?
Ce sentiment de liberté n'est-il pas un des derniers à disparaître?
*Pour la forme et le contenu du
devoir.
I. Si on ne connaît que
des objets n'est-il pas paradoxal de transformer une existence libre, un acte qui
s'accomplit, en objet? Ne risque-t-on pas d'inscrire en lui le déterminisme et de faire
dépendre l'action de conditions déterminantes antérieures? Si oui, ne
faut-il pas en déduire que la conscience ne peut pas me faire connaître que je suis
libre, mais simplement me donner l'idée, comme pensée intérieure, de cette liberté,
sous réserve d'une enquête?
II. Si on dérive la
connaissance "je suis libre" de la conscience intentionnelle (toute conscience
est conscience de quelque chose Husserl), qu'est-ce qui nous assure qu'un processus
inconscient (= qui n'apparaît pas) ne nous aliène pas?
Dans ces conditions, la liberté ne serait pas un donné mais une
conquête.
Mais si la liberté n'est pas une donnée de l'existence, un absolu,
comment pourra-t-on être certain d'y avoir accédé réellement et non par une
construction de l'imagination, ou une conception de l'esprit? Comment sera-t-on sûr que
toute aliénation a été exclue, en particulier celles qui n'apparaissent pas?
III. Il faut donc que la
liberté soit un don de l'existence ou ne soit pas.
La conscience est existence, mémoire et anticipation, ouverture à la
chose et mise à distance de la chose: je suis libre parce que je ne me confonds pas avec
le monde.
Si l'existence est une
donnée immédiate, l'immédiateté du sentiment de liberté ne peut que donner
"l'idée" que la liberté existe:
-
Descartes: "La liberté de notre volonté se connaît sans preuve
par la seule expérience que nous en avons
-
"Rousseau: "un raisonnement a beau me prouver que je
ne suis pas libre, le sentiment intérieur, plus fort que tous ces arguments, les dément
sans cesse"
-
Bergson: "Si l'on convient d'appeler libre tout
acte qui émane du Moi, et du Moi seulement, l'acte qui porte la marque de notre personne
est véritablement libre..."
MAIS, (= transition) est-ce
que la pensée que la liberté existe est l'existence de la liberté, si l'existence n'est
pas un prédicat? (lire le texte KANT: Critique de la raison pure page 429 PUF).
Parce que le sentiment ne donne que "le soi" et qu'une expérience est la
découverte d'un fait, celui qui se fie au sentiment de liberté doit relier le fait au
sentiment par une analyse de la conscience -(Maine de Biran: Essais sur la fondements de
la psychologie, PUF chapitre IV, Des idées de liberté et de nécessité)- qui
découvrirait la liberté comme fait.
L'intentionnalité de la conscience, cet acte de transcendance, ce "trou de
lumière" (Michel HENRY), se perdrait dans l'inconscience (ce qui n'apparaît pas)
s'il ne s'éprouvait, ne s'apparaissait à lui-même: cette certitude de soi comme
épreuve de soi, essence de la manifestation, est-elle aussi certitude que je suis libre?
Cette conscience de soi ne saurait pourtant jamais être connaissance de soi car elle
"accompagne" l'acte de libération sans jamais pouvoir être regardée, être
objet de cet acte.
*Vers un plan possible
parmi d'autres ...
Première partie: la
conscience me fait croire que je suis libre.
Deuxième partie: mais cette croyance ne peut être un savoir objectif, une connaissance:
le doute est donc toujours possible.
Troisième partie: parce qu'elle est certitude d'un acte, la conscience est certitude de
liberté, certitude de soi qui ne peut se voir dans l'objectivité.
*Pour approfondir,
quelques questions à se poser...
-L'évidence
est-elle un critère de vérité? (voir la page dans philagora)
-Quel est ce "je" qui dit "je suis libre"?
-Peut-on se fier au sentiment de liberté?
-La liberté peut-elle être un fardeau?
-Y-a-t-il un progrès de la liberté?
-Si la liberté est un fardeau, ce dont je ne peux me débarrasser, elle est le moi: qu'en
-résulte-t-il pour le sujet?
Quelques citations:
"La vraie liberté, c'est pouvoir toute chose sur soi",
(Montaigne. Essais, Pléiade, page 1173.)
"La grandeur de la liberté consiste, ou dans une grande facilité que l'on a à
se déterminer, ou dans le grand usage de cette puissance positive que nous avons de
suivre le pire, encore que nous connaissions le meilleur". (Descartes, 17 Mai
1641)
"La liberté est le Moi lui-même" (Lavelle, De l'intimité
spirituelle, page 202)
"Il y
a déterminisme (théoriquement), quand des positions et mouvements d'un groupe
de particules on peut déduire rigoureusement les positions et mouvements de ce groupe
pour n'importe quel instant ultérieur" Ruyer, La genèse des formes
vivantes page 27.
"Il y a liberté (théoriquement), quand un être x, dans une situation
donnée, invente, improvise un comportement approprié, mais non rigoureusement
déductible à partir de la situation". Ruyer ib.
"Ma liberté n'est pas une qualité
surajoutée ou une propriété de ma nature; elle est très
exactement l'étoffe de mon être" (Sartre, L'être et le néant page 514)
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Lectures:
Descartes: principes &: 37 38 39
Bergson: Essai sur les données immédiates de
la conscience (qui traite le sujet, en particulier les pages 124 à 132 et 176 à 178)
Merleau-Ponty: Phénoménologie de la
perception pages 496 à 520.
Michel Henry:
Conférence de Philagora, en particulier ce qui concerne Descartes.
Philo-dans-la-poche:
La conscience - Le déterminisme
Philo-notions/bac: la
liberté
Philo-notions/bac: cours de Marie -Thérèse:
science et liberté
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